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Ryoko Sekiguchi : "Le vin me rappelle sans cesse notre fragilité"




Parisienne d’adoption, la romancière, traductrice et poétesse japonaise a aussi beaucoup écrit sur le goût et les senteurs, la cuisine et les alcools. Le temps d’un verre dans un bar des Halles, elle s’est confiée à Onzième Sens sur son rapport au vin.


Parmi ses dernières publications :

- Le nuage, dix façons de le préparer (Éditions de l'Epure)

- Sentir (JBE Books)


Avec Hervé Deschamps, dans les vignes de Perrier-Jouët, ses recueils de poèmes s’intitulent « Études vapeur » ou « Série Grenade », ses romans « L’astringent », Fade » ou « Manger fantôme », elle a publié des essais tels que « Le nuage, dix façons de le préparer », « La Terre est une marmite » ou « Dîner fantasma ». Les écrits de Ryoko Sekiguchi sont souvent imprégnés de saveurs et d’arômes, raison pour laquelle Onzième Sens voulait depuis longtemps la rencontrer et l’écouter parler du vin.


Il a fallu patienter jusqu’à ce que cette inlassable exploratrice des mots, à la fois écrivaine et traductrice, revienne se poser quelques jours à Paris, où elle réside puis vingt-cinq ans. Brève parenthèse dans le mouvement perpétuel qui l’anime depuis sa jeunesse. Etudiante, elle était partie découvrir le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Désormais, elle rayonne sur la France et l’Europe pour préparer des livres, participer à des festivals ou animer des ateliers comme cet été à Porquerolles, où elle a initié des groupes d’adultes et d’enfants aux senteurs de l’île pour la Fondation Carmignac.



Avant ce séjour de travail sur la Côte d’Azur, c’est dans un bar parisien des Halles, le Garde-Robe, plein de vie et de vins nature, que nous l’avons retrouvée début juillet. Elle qui n’en boit jamais s’est laissé tenter par le spritz de la maison associant un vouvray, une liqueur d’oranges amères et un sirop d’écorces maison. On l’a accompagnée avec un verre de Minervois blanc cuvée « Soif de Loup » (Vignoble du Loup Blanc). La conversation s’est emballée.


Capable d’adopter une gouaille de parigote pour une répartie moqueuse, cette quinquagénaire menue et délicate nous a épaté par sa réflexion sur le nouveau monde gustatif qui s’est ouvert à elle depuis qu’elle a quitté son Tokyo natal. Formée au journalisme, à la langue française et à l’histoire de l’art, elle semble avoir créé sa propre discipline, seulement dictée par la multiplicité de ses talents et ses envies.


Onzième Sens. Votre rapport au vin a-t-il changé en arrivant en Europe ?


- Je vis à Paris depuis 25 ans mais ma vie a changé quand j’ai été admise à la Villa Médicis, à Rome (en 2013-2014 NDLR). Je voue une reconnaissance éternelle à la France qui m’a donné cette chance inouïe, ça a été une des meilleures années de ma vie, ça a débloqué plein de bonnes choses. J’y ai eu une série d’idées qui ont germé plus tard, j’ai traduit un livre de Patrick Chamoiseau (« Solibo Magnifique » NDLR) qui m’a valu le Grand prix de la traduction au Japon. Et c’est là que j’ai appris les vins italiens.

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