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Interview de Christophe Rivenq, président d’Alès Agglomération



Au XIXe, Alès entre dans l’ère de l’industrialisation et en 1912, la production charbonnière atteint 2 millions de tonnes. En 1947, on dénombre 20 000 mineurs. Mais à partir de 1958, le monde évolue et les sources d’énergie changent… Alès doit alors se réinventer et connaît plusieurs époques de reconversion industrielle.  Qu’en est-il aujourd’hui ? 


Alès est historiquement un bassin industriel, c’est vrai,  et depuis les années 90, nous avons su insuffler une nouvelle dynamique pour cautériser les stigmates de la fin des mines. Pour cela, nous avons créé un véritable modèle alésien au sein duquel les différents acteurs de l’économie locale travaillent tous main dans la main, au-delà des querelles partisanes. C’est sans aucun doute ce qui nous a permis de rebondir et d’être aujourd’hui le 2e pôle industriel de la Région. 


Mais nous ne nous sommes pas limités à relancer le secteur industriel.  Nous avons réussi à créer de nouvelles filières telles que celle des sports mécaniques en faisant le pari fou de construire le Pôle mécanique, aujourd’hui reconnu internationalement. Nous avons développé des clusters autour de technologies de pointe en nous appuyant sur la présence de l’Institut Mine Télécom. Enfin depuis une dizaine d’années, nous travaillons aussi au quotidien pour structurer et optimiser le tourisme sur notre territoire.




L’Agglomération que vous présidez compte 6 400 nouveaux Grands Alésiens sur le territoire, poussant le bassin alésien à la cinquième place régionale. Comment expliquez-vous l’attractivité de votre territoire ? 


De plus en plus de Français recherchent des territoires à taille humaine, des territoires au sein desquels il fait bon vivre, et, dans le même temps, des territoires encore accessibles en termes d’accession à la propriété. Nous cochons toutes les cases de ces attentes des nouvelles populations en offrant en prime des équipements et des festivités de qualité. On me le dit fréquemment, “surtout ne changez pas la ville, on ne veut pas qu’Alès devienne Nîmes ou Montpellier, on veut que ça reste un territoire authentique“. C’est tout l’enjeu des années à venir : poursuivre notre travail dans la continuité de ce qui a été mené jusqu’à présent, en gardant en tête qu’il faut faire face à son temps, accepter une certaine modernité tout en préservant notre qualité de vie.


L’IMT Mine Alès est pour tous les Alésiens, l’école des Mines d’Alès. Fondée en 1843 dans le but de former des cadres pour l’industrie minière locale, elle apporte à Alès une renommée à l’échelle nationale et internationale. Comment développez-vous des synergies entre l’école, la recherche, les entreprises et la ville ? 


Voilà justement un exemple type du modèle alésien que j’évoquais tout à l’heure. Ici nous ne travaillons pas les uns à côté des autres mais les uns avec les autres et nous partageons avant tout des objectifs communs : servir le territoire, innover tout en préservant l’existant. Pour cela, nous organisons des échanges réguliers, nous favorisons l’intelligence collective et en tant que représentant du territoire, je prends personnellement soin de savoir rester à l’écoute et ouvert à toutes les initiatives et propositions.




Vous cherchez à faire de votre agglomération un territoire d’innovation. Quelle est votre stratégie de différenciation, quels sont vos leviers d’action ? 


Mais Alès est déjà depuis plus de 30 ans un territoire d’innovation ! C’est de cette veine qu’est configuré notre territoire et c’est sans aucun doute ce qui lui a permis de sortir la tête de l’eau et d’être aujourd’hui reconnu à l’échelle national comme un territoire d’avenir.

Ma stratégie est donc de conforter ce qui fonctionne déjà, tout en étant particulièrement vigilant sur les enjeux d’avenir.


Un exemple : Je me bats depuis plusieurs années pour qu’Alès puisse devenir un territoire susceptible d’accueillir des enseignements universitaires. Notre jeunesse est aujourd’hui contrainte de quitter le territoire pour aller étudier à Montpellier ou Nîmes, ce n’est pas normal et il est urgent de faire changer les choses. C’est dans cette optique que j’ai récemment réuni toutes les autorités nécessaires dans ce domaine. Et ça y est, les choses commencent à bouger !



Un Plan alimentaire territorial pour les 72 communes de l'Agglomération a été mis en œuvre, permettant la remise en culture 2 700 hectares de friches agricoles. Pourriez-vous imposer des « règles contraignantes » au niveau intercommunal en vue d’une gestion plus globale des territoires ?


Vous savez, ce qui fait la force de notre agglomération, c’est que la plupart des décisions s’y prennent à l’unanimité ! Au-delà des partis politiques, tous les élus ont compris que travailler ensemble, c’est servir la réussite de chacun et l’intérêt de tous !


En matière de plan alimentaire, nous travaillerons comme à l’accoutumé dans le respect des enjeux territoriaux, économiques et environnementaux de tous. Pour cela le travail que nous mènerons se fera avec les différentes parties prenantes, qu’il s’agisse des représentants locaux, des agriculteurs et des représentants des populations.


Alès a été choisie pour être l’une des bases arrière des athlètes qui participeront en 2024 aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris. Qu’attendez-vous de cet événement sportif ? Sécurité et politique ne risquent-elles pas de devenir les vrais enjeux de cet événement international ? 


Les Jeux Olympiques représentent une parenthèse sportive dans un monde très chahuté par une actualité difficile tant sur le plan économique qu’au niveau de la politique internationale. Depuis le COVID, notre actualité n’est pas vraiment rose et j’entends de la part de mes concitoyens beaucoup d’inquiétudes quant à l’avenir que cela soit en termes de pouvoir d’achat, d’emploi ou de sécurité. Vivons ce moment pour ce qu’il est, mais n’imaginons pas que cette bouffée d’oxygène va tout régler. Nous devons poursuivre notre travail pour que notre pays se relève d’une situation aujourd’hui alarmante.




Êtes-vous favorable à un ancrage territorial des parlementaires pour redynamiser la vie locale, comme le suggère le groupe de travail du Sénat sur les institutions ?    


Bien entendu ! J’ai toujours perçu la loi de 2014 interdisant le cumul des mandats comme une erreur. Vous savez, au regard des responsabilités qui sont les nôtres, et de la défiance actuelle pour le politique, il est important de comprendre que ce qui anime une bonne partie des élus, dont je fais partie, c’est avant tout l’envie de servir son territoire et son Pays. Or pour cela, pouvoir avoir un ancrage local et ainsi être au plus près des réalités du terrain est un point essentiel. Plus le pouvoir s’éloigne des territoires, plus il devient technocratique et éloigné des préoccupations des populations.


Comment jugez-vous globalement la politique du gouvernement à l’égard des collectivités locales ? Qu’attendez-vous de l’exécutif aujourd’hui ?


Le Gouvernement actuel fait lourdement payer aux collectivités locales sa mauvaise gestion et nous subissons depuis plusieurs années une double peine ! D’un côté on nous impose de plus en plus de réglementations qui nécessitent des investissements nouveaux et de l’autre, les dotations de l’Etat diminuent chaque année un peu plus. A Alès Agglomération, notre gestion budgétaire exemplaire nous a toujours permis de rester un territoire en bonne santé financière.


Aujourd’hui hélas, au regard du niveau du désengagement de l’État, il devient difficile de répondre aux besoins des habitants en termes de services tout en anticipant les investissements qui nous permettront de rester un territoire attractif. La pression sur les services de la collectivité est énorme et nous demandons des efforts de gestions inouïs à nos fonctionnaires.


Nous payons en cela les erreurs de Paris, Non ce n’est pas normal ! 

Ma principale demande à ce jour est que le Gouvernement reconnaisse plus et mieux les territoires de taille moyenne comme le nôtre et arrête d’investir uniquement sur les grandes métropoles. Mon engagement en la matière a réussi à fédérer de nombreux élus au niveau national et mes interventions de plus en plus nombreuses sur Paris me laisse espérer de pouvoir faire entendre la voix des territoires par les décideurs.  

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