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Construire de la confiance

Rencontre avec Grégory Doucet, Maire de Lyon




Pouvez-vous retracer brièvement votre parcours ?


Durant mes études, j’ai été le Président du GENEPI, le Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées. J’ai ensuite commencé à travailler dans l’humanitaire, pour l’association Planète Enfants & Développement puis pour Handicap international. Durant les premières années de ma carrière, j’ai pris conscience des limites seules de l’action humanitaire sans réelle action systémique pour la soutenir. C’est ainsi que je me suis dirigé vers un engagement plus politique.


Après avoir été le Secrétaire de la section lyonnaise d’Europe Écologie les Verts (EELV) en 2017, j’ai été élu maire de Lyon en 2020, en pleine crise Covid. Dans le même temps, un sentiment d’abandon grandissait au sein de l’administration lyonnaise, ce qui m’a amené à rapidement prendre les rênes tout en créant du collectif. Pour faire face à l’ampleur de la crise, nous avons vite mis en place des centres de dépistage puis des centres de vaccination. Le centre du Palais des sports de Gerland est ainsi devenu l’un des plus grands centres de dépistage puis de vaccination sur l’ensemble du territoire français.


Quels sont vos engagements en matière de transition énergétique et écologique pour la ville de Lyon ?


Il est à mes yeux absolument impossible de porter seul une transition écologique d’ampleur. C’est pourquoi, j’ai à cœur de mettre en place des coordinations et des coopérations à grande échelle afin que chacun puisse prendre sa part et travailler vers cet objectif commun. Les élections municipales de 2020 ont marqué un réel changement de paradigme avec l’élection de plusieurs maires EELV en France. A Lyon, les agents de la ville ont voulu prendre en main les sujets climatiques. Ils ont notamment proposé une Convention citoyenne sur le climat, avec des réponses parfois très audacieuses et novatrices, faisant écho à certaines recommandations du GIEC.  

 

La ville de Lyon a aussi été sélectionnée en 2022 par la Commission européenne dans le cadre de son programme « 100 Villes climatiquement neutres en 2030 ». Nous avons par la suite mis en place l’Agora Lyon 2030, dont l’objectif est de fédérer des acteurs locaux afin d’accélérer l’action climatique et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2030. Cela nécessite des initiatives de nombreux acteurs aux bonnes échelles d’action. C’est un projet qui est porté par la métropole ainsi que par des acteurs publics et privés : par exemple, l’Opéra de Lyon qui s’est engagé pour atteindre le zéro carbone d’ici 2030. 


Le propre de la transition est de faire du  management de la transversalité. Au sein de l’Agora Lyon 2030, nous cherchons à faciliter la rencontre entre problèmes et solutions. Nous souhaitons accompagner les secteurs et surmonter les défis en additionnant nos forces et en posant des étapes claires. Ainsi, chaque acteur de cet Agora a défini son contrat d’engagement, un Climate City Contract avec l’Union européenne, afin de transformer la ville. Ces transformations doivent répondre aux attentes des citoyens et salariés, en prenant bien évidemment en compte les différents besoins entre ceux des citoyens lyonnais et ceux vivant dans la périphérie. Par exemple, nous sommes très conscients des problèmes de fiabilité globale des transports (selon un récent rapport de la Chambre régionale des comptes).  C’est pourquoi, nous avons doublé les capacités du métro lyonnais avec un investissement de plus de 20 millions d’euros et nous avons aussi investi dans la création de voies cyclables. Le RER est aussi très attendu à Lyon et une nouvelle ligne de tramway est en cours. 

 




Êtes un vous maire « bâtisseur » ?


Je suis un maire bâtisseur si cela veut dire que je suis très préoccupé par la question du logement, dont l’enjeu primordial est de réussir à loger tout le monde dans de bonnes conditions. Nous avons une problématique liée à la qualité de l’habitat, avec des logements vacants et insalubres ainsi qu’un besoin gigantesque d’investissement dans le confort thermique. Il y a aussi une vraie question autour du logement social ; nous avons un ratio d’une dizaine de demandes de logements sociaux pour un seul logement disponible, et la priorité est nécessairement donnée aux familles monoparentales avec enfants. Nous déplorons l’absence d’une politique globale et concluante sur le logement. 


Avec une ville de plus de 520 000 habitants, il faut aussi trouver comment réconcilier les habitants et leurs différences. C’est pourquoi je suis un maire qui essaye de donner de la confiance et qui ne craint pas de montrer ce que je n’ai pas réussi à faire. Sur l’ensemble des actions que nous avons entreprises, nous en avons réalisé 95% jusqu’ici. Je partage cela sans problème car je crois en l’exemplarité, qui est une mesure essentielle pour être un pilote du changement. Faire ce que je dis avec une grande transparence : c’est grâce à cela que j’arrive à construire de la confiance. Il faut réussir à manifester du leadership en disant « le pourquoi et le comment », tout en donnant des indicateurs précis pour montrer l’exemple. Nous avons par exemple mis en place la « Rue aux enfants », initiative destinée à la mise en place d’espaces "piétonnisés" devant les écoles. Cela a été un changement très bien accueilli car les parents ont pu en voir les conséquences directes, avec des espaces plus sûrs pour leurs enfants. Nous devons mesurer l’ampleur des changements à faire à l’échelle de la ville et sur un certain nombre de sujets comme celui-ci, actionner la contrainte et les réglementations.


Vous avez vivement réagi à l'annonce de la baisse des dotations de l'Etat aux grandes collectivités dans le cadre du Budget 2025 (un prélèvement de 5 milliards d'euros du budget annuel des grandes collectivités est prévu). A Lyon, quelles seraient les conséquences de cet "effort de dépense publique" ?


Il est important de savoir que 85% des investissements publics sont aujourd’hui portés par les collectivités locales. J’ai réagi à cette annonce car cet effort de dépense publique entraînera un effet récessif sur les commerces et sur l’économie locale. Cela mettra nécessairement à mal nos objectifs de préservation des commerçants de proximité et la diversité commerciale dans nos quartiers.

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